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CONCOTS ET LES MARCHANDS DU TEMPLE

Le 4 mai prochain aura lieu la seconde édition du salon du livre de Concots. L'an dernier, pour sa toute première édition, les organisateurs du salon avaient obtenu du curé de Cajarc l'autorisation d'installer les écrivains à l'intérieur de l'église. Merci monsieur le curé. Ce fut une belle journée. Cette initiative a toutefois provoqué le courroux d'une ou deux familles catholiques intégristes du village qui se sont empressées de dénoncer ce « sacrilège » auprès de l'évêque de Cahors, monseigneur Laurent Camiade. Ce dernier, tel le Christ chassant jadis avec son fouet les marchands du temple, a interdit cette année cette manifestation culturelle au sein de son église au prétexte que ce salon donnerait lieu à une activité commerciale totalement interdite dans des lieux affectés au culte ! Eh oui, les écrivains, outre le plaisir de rencontrer le public, participent à ces petits salons ruraux pour faire connaître et vendre aussi leurs ouvrages. Mais, s'il veut être fidèle à cette règle qui semble intangible, ce brave évêque devra dorénavant interdire la vente de cierges, d'objets pieux et autres bondieuseries dans les églises et même l'organisation de concerts payants dans l'ensemble des églises de son diocèse.

Une seconde raison est également invoquée dans le courrier de refus de l'évêque, à savoir « l'impossibilité de vérifier la compatibilité de chacun des ouvrages présentés avec le caractère cultuel catholique d'un lieu comme l'église de Concots » Traduction en termes plus clairs : pas question de laisser entrer dans ce lieu sacré des ouvrages subversifs ou à caractère érotique qui pourraient faire rougir de honte les statues des saintes surplombant les allées et travées de l'église ! Qu'est-ce qu'il en sait, ce représentant du Christ, des états d'âme de ces statues de plâtre figées depuis un ou deux siècles ? Qui sait si elles n'auraient pas envie d'avoir une fois par an un peu d'animation chaleureuse dans cette enceinte glaciale et quasiment jamais fréquentée ? Qui sait si certaines d'entre elles n'auraient pas souhaité s'encanailler en cachette en lisant des ouvrages autres que les missels et livres de cantiques habituels ?

En termes d'interdictions émanant de l'Église, il n'y a pas vraiment de surprise. Ça fait 2000 ans que ça dure sous forme de dogmes, de bulles pontificales et d'interdits en tout genre. Par les temps qui courent, au lieu de fermer les portes de l'église de Concots, l'Église ferait mieux de s'atteler à mettre un terme à toutes les violences physiques et sexuelles qui font chaque jour la une des médias... jusqu'à mettre en péril l'avenir politique de notre Premier ministre !

Les interdictions du diocèse seront respectées par les organisateurs du salon. La mairie, pourtant propriétaire du bâtiment ecclésial, va devoir louer un chapiteau pour accueillir les participants, public et écrivains. Un merci à la municipalité. Ne nous plaignons pas : l'évêque, dans son courrier, a fait preuve de modération et n'a pas fait état de l'obligation pour les écrivains de participer à la messe dominicale. Ouf !

Daniel Pasquier

Merci à toi Daniel, nous sommes atterrés par la bêtise des hommes, pas étonnant que la chrétienté perde chaque jour des adeptes, alors que les salons du livre sont des occasions presque uniques de faire vivre nos églises en piteux état car à la charge des municipalités qui n'ont même pas le droit d'en disposer occasionnellement… Pensez-y…

        Jean KUBLER